Portrait de chercheur
Au secours des jeunes personnes trans
Annie Pullen Sansfaçon
FACULTÉ DES ARTS ET DES SCIENCES - ÉCOLE DE TRAVAIL SOCIAL
Professeure titulaire ‒ École de travail social
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enfants transgenres et leur famille
Quatre personnes transgenres sur dix feront une tentative de suicide. Plusieurs d’entre elles seront victimes de violences physiques reliées directement à leur condition. « Ces actes sont invariablement la manifestation d'une stigmatisation et de préjugés profondément enracinés, d'une haine irrationnelle et d'une forme de violence sexiste, motivés par l'intention de punir ceux qui sont considérés comme défiant les normes de genre », selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.
Ces chiffres et ces faits alarmants, Annie Pullen Sansfaçon ne les connaît que trop bien. Depuis plusieurs années, elle essaie de mieux comprendre les expériences d’oppression et de résistance des enfants et jeunes personnes trans et leur famille. « Dès le début de ma carrière, je me suis intéressée aux approches antioppressives et à l’éthique », dit celle qui est également chercheuse associée à l'école de travail social de l'Université de Stellenbosch, en Afrique du Sud. Elle applique son savoir à la mise en œuvre des meilleures pratiques pour soutenir les jeunes personnes trans et leur famille. « Quand un enfant transitionne, toute la famille transitionne. Le parent peut aussi vivre de la discrimination », indique-t-elle. Sensibilisée à la cause, elle a cofondé l’organisme pancanadien Jeunes identités créatives, qui offre de l’aide aux parents et aux enfants.
Très active en recherche, Annie Pullen Sansfaçon veut faire avancer les connaissances dans ce champ d’études encore peu exploré. Elle a participé à la création de Sam, le premier jouet transgenre. Elle s’est aussi associée à des chercheurs et chercheuses dans d’autres pays pour une collecte de données internationale qui, une fois menée à terme, apportera des réponses à des questions importantes. « Des jeunes de sept pays, qui arrivent à la puberté, ont été recrutés. Nous les verrons à quatre reprises pendant trois ans. La première entrevue est familiale. Dès la deuxième année, nous les rencontrerons séparément », explique-t-elle.
Vous avez un doctorat en éthique et travail social de l’Université De Montfort, en Angleterre. Qu’est-ce qui vous a amenée à étudier les enjeux sociaux?
Je suis membre de la nation huronne-wendate de Wendake, au nord de la ville de Québec. Ma mère est wendate, mon père québécois. Pendant mes études universitaires, je travaillais dans un groupe d’action sociale au comptoir alimentaire de Wendake, qui existe encore. J’ai eu la chance extraordinaire de bénéficier du soutien du conseil de la nation huronne-wendate, qui a des programmes pour encourager la persévérance scolaire et la réussite. En 1998, j’ai donc pu poursuivre mes études à l’Université De Montfort en action sociale.
Pourquoi vous êtes-vous intéressée à la question des enfants trans, sujet à première vue loin de votre champ d’études universitaire?
Il y a une quinzaine d’années, quelqu’un près de moi a commencé à s’affirmer comme personne trans. À l’époque, il n’existait pas beaucoup de ressources, ni pour les enfants ni pour les parents. De plus, c’était encore traité comme une anormalité, une déficience qu’il fallait corriger. Toute la recherche était menée en ce sens. Pourtant, la diversité des genres existe depuis des siècles. Avec une collègue de l’Université Concordia, elle aussi personnellement concernée, j’ai voulu proposer une nouvelle façon de considérer l’identité de genre, en commençant une recherche sur les enfants trans selon une perspective non pathologique.
On peut suivre les travaux d’Annie Pullen Sansfaçon en consultant les articles et la revue de presse qui paraissent sur UdeMNouvelles.
Annie Pullen Sansfaçon - Membre 2023 du Collège de la Société royale du Canada