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Université de Montréal

Portrait de chercheur

Prévenir, c’est déjà soigner

Caroline Quach-Thanh

FACULTÉ DE MÉDECINE

Professeure titulaire au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie

Pédiatre et microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine

Propos éclairants, expertise indéniable et ton rassurant… Le public a tout de suite reconnu en elle une source sûre pour expliquer les enjeux liés à la pandémie. Pourtant, rien ne prédestinait la Dre Caroline Quach-Thanh, attirée successivement par la pédiatrie et la microbiologie, à jouer un tel rôle médiatique. Mais sa volonté de faire comprendre les enjeux du moment, en misant sur l’intelligence des gens, l’a emporté sur sa grande timidité. Cette scientifique d’exception ne compte plus les articles publiés dans des revues spécialisées, les récompenses, les bourses de recherche et les prix qui émaillent son parcours depuis 25 ans. Un parcours de clinicienne-chercheuse axé sur l’immunisation ainsi que la prévention des infections nosocomiales ou évitables par la vaccination et l’antibiorésistance, particulièrement auprès des populations vulnérables, qu’il s’agisse des prématurés, des personnes immunosupprimées ou des patients atteints de fibrose kystique.

Professeure titulaire engagée, elle préside de nombreux comités scientifiques ou y collabore et partage son expérience avec des instituts ailleurs au pays. À titre d’exemple, sa contribution récente au Comité consultatif national de l’immunisation a permis de formuler des recommandations relatives aux segments de la population à vacciner en priorité contre la COVID-19. Et parce qu’elle carbure tout aussi intensément ‒ sans rien perdre de son calme olympien ‒, aux retombées tangibles de ses recherches, elle mène depuis peu une étude, subventionnée par le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 du Canada et des Instituts de recherche en santé du Canada, sur l’estimation du risque de réinfection par le virus de la COVID-19 chez les travailleurs de la santé. Ses travaux l’aideront, précise-t-elle, « à déterminer si une infection au SRAS-CoV-2 nous protège pour de bon ou non ». Animée par le besoin de se consacrer à quelque chose de plus grand qu’elle-même, elle agit enfin comme catalyseur auprès d’une nouvelle génération de femmes. Comment? En promouvant activement leur accès à des postes de pouvoir dans le milieu scientifique.

La pandémie a-t-elle déjà des retombées positives au-delà de la menace qu’elle représente?

Son apparition a permis de braquer les projecteurs sur un même virus, qui atteint l’ensemble des systèmes du corps humain. Par conséquent, tous les travaux de recherche entrepris pour mieux comprendre le SRAS-CoV-2 devraient permettre d’en apprendre davantage sur d’autres affections, comme la maladie de Lyme, et de soigner encore plus de gens.

Que pouvez-vous espérer pour votre domaine de recherche, alors qu'on mise de plus en plus sur la prévention?

Je pense que cela va susciter un plus grand appui à la recherche en prévention des infections, tels des investissements financiers majeurs, de même qu’une meilleure compréhension du rôle réel de la prévention, souvent considérée comme peu attrayante pour les bailleurs de fonds. Or, les décideurs réalisent aujourd’hui que, sans prévention des infections, on est mal pris. Et le fait d’en comprendre la nécessité ‒ qu’on y adhère et qu’on suive les directives sanitaires ou pas ‒ va nous permettre, du moins je l’espère, de nous prémunir contre une prochaine pandémie. 

 

Qu'apporte l'accès des femmes à des postes de pouvoir dans le milieu scientifique, selon vous?

Je pense qu’elles peuvent apporter beaucoup sur le plan décisionnel. Les femmes ont une façon de penser différente. De manière générale, elles misent sur la collaboration et sur l’importance de faire briller les autres, sans égard à leur égo. Cela fait en sorte que la société fonctionne mieux.