Manon Asselin
La recherche pour léguer des lieux publics à la société
Manon Asselin
FACULTÉ DE L'AMÉNAGEMENT
Professeure à l’École d'architecture
Architecte et cofondatrice de l'Atelier TAG
L’architecture peut-elle chorégraphier les interactions humaines et créer du bien-être? C’est le défi que se donne Manon Asselin.
Ainsi, son objet de recherche ‒ repenser les organisations comme les bibliothèques, les écoles ou les musées ‒, l’architecte et professeure le réfléchit autant qu’elle le façonne. «Je suis une bête un peu étrange, puisque ma recherche-création est un legs “habitable” à la société. Je ne suis pas une professeure de formation pratique, mais je dois maintenir une pratique professionnelle pour mener ma recherche.»
L’architecte et chercheuse participe donc à des concours d’architecture dans cette optique de réinvention du rôle des organisations publiques, ce qui l’a notamment menée à concevoir le Pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein du Musée des beaux-arts de Montréal, le théâtre Gilles-Vigneault à Saint-Jérôme et la bibliothèque Raymond-Lévesque à Longueuil.
Manon Asselin donne en exemple les bibliothèques municipales afin d’illustrer son travail de recherche. «Ces bâtiments ne sont plus seulement des lieux de conservation de livres, elles sont au cœur des communautés. Les bibliothèques sont notamment un premier point d’intégration sociale pour les immigrants et un lieu de rencontres intergénérationnelles. L’architecture doit en tenir compte et nous aider à être ensemble, même quand on est seul.»
Cette perspective de recherche-création l’a aussi conduite à concevoir une maison modèle pour jeunes adultes atteints du spectre de l’autisme, en collaboration avec la Fondation Véro et Louis. «On a noté leurs comportements et leurs interactions avec l’environnement afin de créer une maison où ces jeunes pourront se sentir bien. Ce lien entre l’architecture et la recherche comportementale, c’est une première.»
Qu’est-ce qui a fait que vous êtes à la fois professeure et architecte?
S’il y a beaucoup de praticiens qui enseignent l’architecture, il y a toutefois assez peu de gens qui font à la fois de la recherche et de la pratique. Pour moi, cet aller-retour a toujours été naturel et je suis professeure depuis aussi longtemps que je suis architecte.
Quand on repense le rôle des organisations, comment sait-on qu’un projet est un succès?
C’est difficile, puisqu’on tente d’évaluer des éléments qui sont qualitatifs. Comment évalue-t-on le bien-être dans un lieu public? On peut regarder les taux de fréquentation ou effectuer des entrevues avec des usagers. Parfois, il y a des interactions avec le bâtiment qu’on n’avait pas prévues, mais qui en démontrent le succès. Dans le nouveau pavillon du Musée des beaux-arts par exemple, les gens chuchotent moins, des jeunes s’assoient par terre avec leur portable et on est dans un environnement beaucoup plus participatif par rapport au Musée, construit en 1910.