Portrait de chercheur
À la trace des pirates informatiques
Benoit Dupont
ÉCOLE DE CRIMINOLOGIE
Directeur scientifique du Réseau intégré sur la cybersécurité et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en cybersécurité
L’expansion des nouvelles technologies et leur adoption massive posent des enjeux de sécurité colossaux pour les organisations et les individus. Le professeur de l’École de criminologie Benoit Dupont en a fait son sujet d’étude en 2006, alors que le thème de la cybersécurité émergeait dans la communauté scientifique. Aujourd’hui, il est considéré comme l’un des pionniers dans le domaine.
« Des décisions prises chaque jour en matière de sécurité informatique touchent des millions de gens. Mais elles ne sont pas toujours fondées sur la science, déplore le chercheur. Nous produisons des connaissances pour pallier cette situation. »
Par exemple, il semble aller de soi que l’obligation de mettre régulièrement à jour les mots de passe renforce la sécurité dans les organisations. La recherche montre toutefois que ce n’est pas le cas. « Sans le vouloir, on pousse les employés à choisir des mots de passe simples, facilement déchiffrables. Il serait plus efficace d’avoir un seul mot de passe suffisamment complexe qui ne change pas, à moins d’une brèche dans la sécurité », explique Benoit Dupont.
Champ d’études multidisciplinaire, la cybersécurité profite de l’apport des autres disciplines étudiées sur le campus de l’Université de Montréal, notamment les sciences sociales, le génie informatique et le droit. Et, grâce à Benoit Dupont, l’École de criminologie est au centre du Réseau intégré sur la cybersécurité, qui regroupe 36 chercheurs de 22 universités du Canada, ainsi qu’une vingtaine de partenaires publics et privés.
Qu’est-ce qui vous passionne dans l’étude de la cybersécurité?
Mes collègues et moi vivons de l’intérieur la révolution numérique, une période de l’histoire qui sera aussi transformatrice que la révolution industrielle. Nous en sommes les témoins privilégiés.
Quelles sont les grandes menaces en matière de crimes informatiques?
C’est difficile à dire, car la technologie évolue rapidement et les criminels sont souvent les premiers à s’y adapter. On peut craindre que les grandes avancées à venir – les villes intelligentes, les voitures autonomes, les objets connectés, les intelligences artificielles – ouvrent la porte à des attaques informatiques sans précédent. Certains objets branchés sur Internet sont très mal protégés, comme les caméras de surveillance, et peuvent être utilisés pour lancer des attaques.
Quel rôle les chercheurs en cybercriminalité peuvent-ils jouer?
Nous entreprenons la révolution numérique alors qu’à plusieurs égards nos lois et nos institutions sont toujours ancrées dans la révolution industrielle, de laquelle elles sont issues. En communiquant les résultats de nos travaux aux organisations publiques et privées, nous contribuons à faciliter une nécessaire transition dans la société.