En première ligne
Émilie Sarrazin-Chalifoux
Conseillère aux étudiants et étudiantes en situation de handicap
J’ai un baccalauréat en information et orientation professionnelles de l’Université de Sherbrooke et j’ai été conseillère en emploi pendant plus de 10 ans. J’ai travaillé avec différentes clientèles, que ce soit des jeunes à un carrefour jeunesse-emploi, des communautés immigrantes ou encore des personnes avec une déficience visuelle. Depuis 2021, je suis conseillère au Soutien aux étudiants en situation de handicap [SESH] de l’UdeM. Je me suis toujours intéressée à la relation d’aide et, pour moi, c’est important de défendre des valeurs qui me tiennent à cœur.
À quoi ressemble votre travail au quotidien?
Je rencontre des étudiants et étudiantes pour évaluer en quoi leur handicap est une barrière dans leur parcours de formation. Je crée des plans d’intervention et je leur propose des accommodements raisonnables pour les aider dans leurs apprentissages. Par exemple, quand il s’agit d’un handicap visuel ou auditif, il peut s’agir d’adapter des documents pour en faciliter la lecture ou d’offrir les services d’un interprète. Parfois, je dois faire de la médiation pour trouver un accommodement qui convient à la fois au professeur et à l’étudiant. Je peux aussi recommander d’autres services, que ce soit en orthopédagogie, en psychologie ou en tutorat. J’anime également des ateliers de groupe sur des thèmes comme la manière de divulguer une situation de handicap. Le but, c’est avant tout de briser l’isolement.
Que préférez-vous dans votre travail?
Lorsque je sens que je contribue à faire avancer les choses et que j’aide un étudiant ou une étudiante à diminuer la barrière de son handicap. Ça arrive tous les jours! Ainsi, je peux faire de la coordination pour permettre à une personne qui a un handicap visuel de passer un examen. Je dois réserver un local avec une télévisionneuse, demander au professeur ou à la professeure une copie de l’examen et engager quelqu’un pour lire les questions. Dernièrement, une étudiante m’a envoyé un S.O.S. parce que son anxiété la paralysait avant un examen. Je l’ai aidée à trouver des solutions pour gérer son stress. On n’apprend pas ça à l’école! Plus de 80 % de notre clientèle a un handicap invisible, qu’il soit lié à la santé mentale ou d'ordre neurologique. Il peut s’agir d’un trouble de l’attention, d’un trouble du spectre de l’autisme, de bipolarité ou de dépression. Pour faire ce travail, il faut être très empathique et ne pas juger. Ça prend aussi de la créativité et une grande capacité d’analyse parce que chaque cas est différent. On est vraiment des intervenants de première ligne : on traite des situations et des enjeux variés.
Quel serait votre souhait pour les personnes en situation de handicap à l’UdeM?
Que les gens aient une meilleure compréhension des handicaps visibles et invisibles. Malheureusement, il y a encore beaucoup de préjugés et de stigmatisation. C’est pourquoi la sensibilisation est si importante. Il pourrait aussi y avoir plus de souplesse dans le processus administratif, qui est parfois rigide. J’imagine un lieu qui pourrait s’appeler « maison des services aux étudiants et étudiantes » et qui regrouperait tous les services au même endroit. Je souhaiterais que chaque étudiant et chaque étudiante aient la possibilité d’atteindre leurs objectifs, peu importe leur handicap, et qu’on ne minimise pas l’état de leur santé mentale. J’aimerais qu’il y ait plus d’inclusion. Pas seulement pour les personnes en situation de handicap, mais pour toutes celles qui sont marginalisées.