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Université de Montréal

Communications

À ce prix-là!

Le :
Dans : Financement, Carnet

Une fois n’est pas coutume, faisons un peu de politique-fiction. Imaginons un instant que le Canada cherche à réduire les coûts de la formation universitaire à l’échelle du pays et que pour ce faire, le gouvernement fédéral lance un appel d’offre aux provinces, dont l’éducation est, faut-il le rappeler, un champ de compétences.

La Saskatchewan, la première, présente sa soumission : 18 423 $ 20 660 $ par étudiant par année. « C’est le revenu moyen par étudiant que nous avons recueilli l’an dernier, et c’est en gros ce que nous dépensons pour former un diplômé. Vous ne trouverez pas mieux sur le marché. » Erreur. L’Ontario, toujours proche d’Ottawa, sait quand il faut couper les prix : pour 15 096 $ 17 043$ par étudiant, la province de Kathleen Wynne s’engage à former tous les étudiants du pays, avec un sceau de qualité inégalée. Arrive le Manitoba : 13 365 $ 16 354 $! Presque 3000 $ de moins que la moyenne nationale! À ce prix-là, pense le fédéral, c’est donné.

Mais c’était sans compter le Québec. À 11 859 $ 15 350$ par étudiant, c’est bien simple : la Belle Province tue la concurrence. Évidemment, à Ottawa, on doute : êtes-vous bien sûr qu’à ce prix-là, vous pouvez former nos jeunes selon les mêmes standards que les autres provinces? Réponse de Québec : « Jusqu’à présent, personne n’a remis en question ni la qualité de la formation que nous offrons, ni la valeur de nos diplômes sur le marché du travail. » Mais vos professeurs doivent enseigner dans des classes bondées, non?  « Le nombre d’étudiants par professeur est plus faible ici qu’ailleurs au pays. » Alors, vos universités doivent être déficitaires. « Sur ce point, il est vrai que c’est un peu difficile… »

Et le gouvernement canadien est alors bien forcé d’admettre que les universités québécoises sont, et de loin, non seulement les moins chères, mais aussi les plus efficaces, les plus performantes, les plus productives!

 

Éloge du travail professoral

C’est ce scénario, hautement fictif et improbable, qui m’est passé par la tête en lisant la récente chronique de Francis Vailles dans La Presse, Nos universités sont-elles inefficaces? J’ai beaucoup d’estime pour M. Vailles, mais je pense que sur la question de l’efficacité, nos universités n’ont pas à rougir.

Les chiffres que j’ai donnés plus haut proviennent de Statistique Canada et de l’Association canadienne du personnel administratif universitaire. Je m’en sers en général pour dire combien nos universités sont sous-financées. On me permettra de les utiliser aujourd’hui pour vanter les mérites de nos professeurs et de nos chargés de cours. Avec moins de ressources que partout ailleurs au pays, ils parviennent à former des musiciens, des historiens, des dentistes, des vétérinaires ou des architectes qui tous jouissent des mêmes atouts et possèdent les mêmes compétences que leurs camarades des autres provinces sur le marché de l’emploi canadien.

Mais, me direz-vous, vos chiffres ne correspondent pas du tout à ceux données par M. Vailles. En effet. Je vous explique pourquoi dans mon billet de demain.