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Université de Montréal

Communications

En souvenir d’elles

Ce samedi, le 6 décembre, nous nous recueillerons en souvenir de la tragédie qui a frappé notre campus, il y a vingt-cinq ans, emportant la vie de quatorze jeunes femmes. Un concert sera donné par l’orchestre de notre Faculté de musique et nous laisserons la musique et les chants exprimer ce que les paroles ne peuvent dire.

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Ce samedi, le 6 décembre, nous nous recueillerons en souvenir de la tragédie qui a frappé notre campus, il y a vingt-cinq ans, emportant la vie de quatorze jeunes femmes. Un concert sera donné par l’orchestre de notre Faculté de musique et nous laisserons la musique et les chants exprimer ce que les paroles ne peuvent dire.

Elles seraient aujourd’hui dans la fleur de l’âge, au sommet de leur carrière. Elles seraient spécialistes de systèmes antipollution, chercheuses dans le domaine des nanomatériaux, à la tête de leur entreprise ou professeures. Parmi elles, il s’en trouverait même quelques-unes qui auraient la fierté de voir leur propre fille suivre leurs traces et étudier le génie à Polytechnique Montréal…

Les années passent, les larmes ont séché depuis longtemps, bien sûr, mais la douleur n’en est pas moins présente. Ces carrières qu’elles n’ont pas menées, ces inventions qu’elles n’ont pas faites, ces enfants qu’elles n’ont pas eus, ce sont aussi des conséquences de cette tragédie. Faucher la fleur, c’est anéantir tous les fruits.

Ce n’est pas un événement dont on se remet. Il est trop grave, trop disproportionné pour trouver sa place dans le parcours d’une communauté comme la nôtre. Alors on le range dans une boîte et il reste là, comme un intrus parmi nos souvenirs.  Et sa présence nous laisse devant une double nécessité.  Ne pas oublier. Ne pas fléchir.

Ne pas oublier chacune des victimes. Ne pas oublier surtout que leur mort brutale ou leurs blessures ne sont ni accident ni folie. Conclure à l’un ou à l’autre, reviendrait à chercher une consolation dans une forme de fatalité. Or, on ne peut détacher cet événement de ce fléau qui continue de hanter notre société, celui de la violence contre les femmes.

Et ne pas fléchir. Ne pas fléchir dans notre devoir d’incarner l’idéal universitaire. Liberté, respect, connaissance.  Ne pas fléchir devant ces braquages qui surgissent chez nous ou ailleurs dans le monde et qui veulent nous ramener en arrière. Car l’université sera toujours un lieu de résistance à la violence. Les obscurantistes vont toujours viser la lumière.

Nous nous réunissons parce qu’elles nous manquent.

Nous n’oublions pas. Nous ne fléchissons pas.