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Université de Montréal

Portrait de chercheur

Enseigner et apprendre durablement

Geneviève Carpentier

FACULTÉ DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION

Professeure adjointe au Département de psychopédagogie et d'andragogie

Depuis plusieurs années, le milieu scolaire québécois cherche des solutions à divers problèmes liés à l'enseignement. Et dans les plus hautes sphères gouvernementales, on y perd son latin : quoi faire? Geneviève Carpentier a bien quelques idées, mais avant de les partager, elle pose un diagnostic sans appel : « Je trouve que les sociétés ont les enseignants qu’elles méritent. Qui va s’inscrire à un cours dans les conditions actuelles des écoles, des classes, du salaire et des conditions de travail? »

Geneviève Carpentier connaît ce sujet sur le bout des doigts. Pendant six ans, elle a enseigné au primaire dans des quartiers défavorisés. Et si elle a quitté son poste il y a une dizaine d’années, c’est parce qu’elle avait constaté un décalage entre ce qu’elle avait appris à l’université et la réalité sur le terrain. Un décalage que cette mère de trois jeunes enfants souhaite combler en continuant ses études à la maîtrise puis au doctorat. « Je veux que les élèves apprennent et de façon durable, qu’ils deviennent des apprenants pour la vie. Et le personnel enseignant est le premier acteur de cet apprentissage, affirme-t-elle. Quels gestes posés en classe peuvent amener l’élève à acquérir de l’autonomie, l’aider à tisser des liens entre ce qu’il voit et apprend à l’école et la vraie vie? C’est ce que je cherche à comprendre. »

La pression professionnelle sur les enseignants et les enseignantes ‒ son sujet de doctorat ‒ n’est pas seulement due aux difficultés vécues au quotidien avec les élèves, elle est aussi liée aux démissions des collègues, qui baissent les bras les uns après les autres. « Ça devient très lourd », dit-elle.

Vos années d'enseignement vous manquent-elles?

Oui, beaucoup. Je m’ennuie de la classe, des enfants et de la relation pédagogique. Passer 180 jours à bâtir avec des élèves et la communauté enseignante apporte un sentiment d’appartenance collectif qui me manque. C’est l’une des raisons qui expliquent que je ne passe pas mes journées dans mon bureau, mais dans des salles de classe avec des enseignantes et des enseignants à les écouter, à les questionner. Ensemble, on cherche des solutions.

 

Le corps professoral au primaire et au secondaire s’amenuise de façon alarmante. Qu’est-ce qui pourrait être fait pour pallier la situation?

Pendant la pandémie, le gouvernement a lancé un cri d’alarme à tous les gens dans les universités qui forment les étudiants dans les sciences de la santé, aux infirmières à la retraite. Mais alors que nos écoles vivent aussi une crise, nous ne sommes pas interpellés. Quand je dis « nous », je pense aux centaines de conseillers pédagogiques, de professeurs d’université et de chargés de cours. Il ne s’agit pas de déshabiller Paul pour habiller Jean, mais de demander aux titulaires d’un brevet d’enseignement de donner un coup de main au lieu de recourir à des personnes qui ont diverses compétences, mais pas celle d’enseigner.