Le départ de Jacqueline Desmarais laisse un grand vide à l’Université de Montréal.
Notre dernière rencontre avec cette grande mécène remonte à l’automne 2011. Nous lui remettions un doctorat honorifique à l’occasion de la collation des grades de notre Faculté de musique. Tous se rappellent que son visage rayonnait de joie. Et il me semblait que cette joie prenait sa source pas tant dans l’honneur que l’Université lui faisait, elle qui préférait la discrétion, mais dans le fait de se retrouver parmi ceux et celles qu’elle appréciait plus que tous autres : les chanteurs et musiciens en début de carrière.
Pour nos étudiants et nos diplômés de musique, Jacqueline Desmarais était bien plus qu’une mécène, c’était une fée marraine. C’est une manière de dire que son engagement auprès de nos étudiants le plus talentueux dépassait le simple soutien financier. C’était un accompagnement passionné. Un véritable coup de baguette magique dans la vie d’un jeune artiste.
Avec Jacqueline Desmarais, le talent pur du diplômé Stéphane Tétreault pouvait s’entendre à travers un Stradivarius. Et la voix de la soprano Layla Claire, une ancienne de la Faculté, pouvait résonner au MET de New York – là où brille Yannick Nézet-Séguin, un autre de ses protégés.
La générosité peut avoir un effet transformateur qui va bien au-delà des causes qu’elle soutient. Dans le milieu de la philanthropie francophone au Québec, il y a clairement un avant et un après Jacqueline et Paul Desmarais.
L’exemple qu’a donné ce couple pendant plus de 40 ans a inspiré d’autres familles fortunées à s’engager socialement, ce qui permet à nos universités, à nos hôpitaux et à nos organismes culturels et communautaires d’être beaucoup plus ambitieux dans leurs campagnes de financement et dans leurs projets.
Jacqueline Desmarais aura transmis sa passion pour la musique à beaucoup de gens, dont sa fille Sophie, qui en plus de chanter du jazz, soutient financièrement le Big Band de l'UdeM.
À nous tous, Jacqueline Desmarais nous aura démontré qu’en y mettant les moyens et beaucoup d’amour, nous pouvons propulser nos artistes locaux dans les plus hautes sphères, que nous sommes nés pour bien plus grand que l’on a longtemps cru.