On tend souvent à l’oublier : la Francophonie était, à la base, une idée audacieuse.
Lorsqu’en 1953 le journaliste montréalais Jean-Marc Léger a présenté à Paris son projet de créer ce qui allait devenir l’Agence universitaire de la Francophonie, un des précurseurs de l’Organisation internationale de la Francophonie, la vision d’un espace fraternel regroupant les peuples de langue française contredisait la réalité géopolitique.
L’Indochine était embrasée, l’Algérie et le Vietnam étaient sur le point de basculer dans la guerre, on érigeait un mur à Berlin. Et pendant ce temps, Jean-Marc Léger rêvait d’échanges universitaires à l’échelle du globe.
L’histoire a donné raison à Jean-Marc Léger. Aujourd’hui, le monde compte 274 millions de personnes parlant le français au sein d’un espace culturel qui regroupe 84 pays et quelque 850 universités.
Et pourtant, on peut dire en cette Journée internationale de la Francophonie que cet espace culturel et linguistique demeure toujours en chantier. Plusieurs acteurs nationaux et internationaux travaillent à donner au monde francophone une place bien à lui, tout particulièrement dans la sphère de la recherche et de l’enseignement supérieur.
Dans les dernières années, l’UdeM s’est imposée comme l’un de ces bâtisseurs. Nous menons quelques projets d’envergure, comme l’Observatoire de la Francophonie économique, qui a pour mission de brosser un portrait économique fiable de l’espace francophone, qui est en forte expansion en Afrique.
Si l’on cherche un témoignage de l’influence de l’UdeM au sein de la Francophonie, il n’y a qu’à mentionner le passage sur notre campus, la semaine dernière, du roi Philippe de Belgique dans le cadre de sa visite d’État au Canada. Il est venu accompagné d’une vingtaine de recteurs d’universités belges intéressés à renforcer des relations de longue date avec l’UdeM.
Au moment où des barrières protectionnistes se lèvent aux États-Unis et où les idéologies de repli sur soi gagnent du terrain un peu partout, il est rassurant de voir des universités francophones ou francophiles s’efforcer d’élargir cet espace d’échange et d’ouverture que nous appelons la Francophonie. La vision de Jean-Marc Léger est peut-être, après tout, encore audacieuse…