Hier, en signe de deuil et de solidarité avec les Belges, nous avons mis le drapeau de la Belgique en berne à l’Université de Montréal. Ce drapeau ne flotte habituellement pas sur notre campus, mais c’est tout comme. L’Université libre de Bruxelles est l’un de nos plus précieux partenaires. Avec l’Université de Genève, nous formons le G3 de la Francophonie, un groupe de trois grandes universités généralistes qui a décidé en 2012 d’inaugurer un espace de libre-échange universitaire novateur.
Hier, donc, notre cœur était avec nos partenaires de l’ULB, avec les nombreux Belges qui étudient et travaillent à l’UdeM, avec ceux qui vivent à Montréal et avec toutes les victimes du terrorisme, partout dans le monde.
Parce que, hier, la première réaction de nombreuses personnes, dont moi, a été : Pas encore. Après la France, la Syrie, le Burkina Faso, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Tunisie, la Turquie et tant d’autres, pas encore.
Le danger qui nous guette est que ces carnages, qui surviennent trop souvent, deviennent banals. Que nous finissions par nous sentir impuissants devant les avancées de la haine, de l’intolérance, du fanatisme. Nous avons été entrainés bien malgré nous dans une guerre qui sera peut-être vue par nos futurs historiens comme la première guerre mondiale du 21e siècle. Une guerre contre nos valeurs d’ouverture, contre la science et la liberté.
Nous devons combattre, mais comment faire? Avec les armes que nous avons. Une université comme la nôtre est un véritable arsenal pour contrer l’ignorance, qui est le terreau de tout fanatisme. Sur notre campus, certains d’entre nous apportent un nouvel éclairage sur les politiques et les conflits, certains repensent l’aide humanitaire, la santé publique et le développement économique, d’autres explorent l’esprit humain sous toutes ses facettes ou tentent de comprendre le fonctionnement de l’univers. Nous luttons aussi avec l’art.
Des actes barbares, il y en aura d’autres. Et nous continuerons à leur opposer les lumières de la science, de la pensée humaniste et de la créativité artistique.
Hier, l’Université « libre » de Bruxelles, notre partenaire, notre amie, n’a jamais aussi bien porté son nom : un espace de liberté et d’ouverture dans un monde habité par une peur inédite.