Je viens de lire Le niveau baisse! (et autres idées reçues sur la langue), de Benoît Melançon, professeur au Département des littératures de langue française. En moins de 120 pages, il dégonfle quelques mythes sur le sujet et bouscule la plupart des préjugés dont se nourrit le discours public sur l’état du français en terre québécoise.
Tout m’a plu dans cet ouvrage décapant. Mais ce que j’ai aimé le plus, c’est que son auteur ne sombre pas dans le travers inverse de ce qu’il dénonce. M. Melançon ne porte pas de lunettes roses, il jette un regard lucide sur nos pratiques, qui ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi.
Le système d’éducation n’est pas épargné dans ses critiques. L’école pourrait assurément jouer un rôle plus décisif quand vient le temps d’éveiller les jeunes aux langues ou de leur apprendre les niveaux de langage. L’université, selon le professeur Melançon, devrait de son côté inculquer aux futurs maîtres que « nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler », selon la formule d’André Belleau. J’en prends bonne note.
Moi qui ai grandi en écoutant René Lecavalier commenter les matchs de hockey, j’en étais venu à croire que c’était le niveau de langue courant dans les manchettes sportives. Les quelques extraits de la presse du milieu du 20e siècle que nous sert M. Melançon m’ont convaincu que le niveau général de la langue en usage dans les médias sportifs a monté depuis ma tendre enfance… Une société ne produit pas un René Lecavalier à chaque génération.
L’an dernier, j’ai créé un bureau de la promotion de la qualité du français à l’UdeM et en ai confié la direction à une personne de confiance, Monique Cormier. La création de ce bureau est en phase avec cette sensibilité que nous avons, au Québec, à l’endroit des questions de langue.
C’est le paradoxe : parce que nous sommes plus inquiets de l’état de la langue que l’étaient nos parents, nous craignons un déclin du français, mais c’est cette même inquiétude qui fait qu’en réalité le niveau monte!
P.-S. ‒ Ce billet inaugure une nouvelle série de mon blogue : « L’UdeM publie ». Périodiquement, je rendrai compte d’un ouvrage. Avec le regard non pas d’un spécialiste ou d’un critique, mais simplement… d’un recteur et lecteur.