Chers membres de la communauté,
Lundi dernier, le Conseil a adopté le budget de fonctionnement 2013-2014 de l’Université.
Je ne vous le cacherai pas : l’exercice a été cette année particulièrement difficile. Les compressions annoncées par Québec en décembre dernier ont plombé nos revenus et nous sommes tenus de rembourser une partie des pertes enregistrées en 2012-2013 que nous avons reportées sur notre dette. Une dette que nous avions commencé à rembourser l’an dernier et que nous avions prévu de réduire à nouveau l’an prochain, de 5,5 M$. Or, au lieu de présenter un déficit accumulé de 139,2 M$, comme prévu, notre établissement porte maintenant un boulet de 162,5 M$.
L’UdeM s’endette
Certes, nous avons évité la suppression d’emplois, la fermeture de services, l’abolition de programmes, un moratoire sur la dotation des postes. Et le budget 2013-2014 est équilibré. Mais l’UdeM se retrouve aujourd’hui sans aucune marge de manœuvre. Et l’avenir n’augure pas mieux. De 2014-2015 à 2018-2019, nous devrons réduire nos dépenses d’environ 7 M$ par année.
Au total, c’est 44,6 millions de dollars dont nous serons privés d’ici 2019. Au bas mot, car si l’économie devait ralentir, nos subventions pourraient être diminuées à nouveau. De nombreux projets que nous estimions stratégiques seront mis en veilleuse, ou alors nous devrons revoir à la baisse les ressources humaines et matérielles que nous voulions y consacrer.
Notre université est la plus endettée de toutes les universités québécoises. Comme je l’explique dans l’introduction du document budgétaire, l’UdeM n’est pas moins bien gérée que les autres. Seulement, elle présente une structure de programmes et un volume de recherche qui la singularisent dans le paysage universitaire québécois et qui exercent une pression particulière sur son fonds de fonctionnement. Il est significatif à cet égard que les universités les plus endettées au Québec soient toutes celles qui font le plus de recherche. Le financement public est mal adapté à cette réalité, qui touche un petit nombre d’établissements, dont le nôtre.
Où couper ?
C’est la question que nous nous sommes posée pendant tout le processus budgétaire. Une grande partie de nos dépenses sont incompressibles : près de 90 % de tout ce que nous dépensons ne peut faire véritablement l’objet de compressions à court terme. Restent les dépenses dites compressibles : acquisitions des bibliothèques, fournitures, frais d’entretien, biens meubles, personnel surnuméraire, etc.
Les facultés et les services ont été invités à déterminer les sommes qu’ils seraient en mesure de « libérer » de façon temporaire en 2013-2014 afin de contribuer à l’effort de compression. Au total, nos unités réduiront leurs dépenses de 5,6 M$.
Les bibliothèques sont particulièrement touchées : on estime à 10 % la réduction de l’enveloppe récurrente allouée à l’achat de livres et à l’abonnement aux revues scientifiques depuis 2011. Nous avons également puisé dans nos autres fonds – notamment dans le fonds de relance et les dons de la grande campagne pour maintenir notre programme interne de bourses. Ces dernières mesures nous ont permis de réallouer des fonds pour une hausse de revenus au fonds de fonctionnement de 4,6 M$. L’effort budgétaire global des unités s’élève ainsi à 10,2 M$.
Un budget sous le signe de l’incertitude
Les efforts financiers exigés des universités seront temporaires. Le gouvernement du Québec s’est engagé à réinvestir dans le réseau universitaire à compter de 2014-2015, ce qui, en principe, devrait limiter l’effet des compressions en vigueur.
Je dis « en principe », car il y a beaucoup d’incertitude entourant ce plan de réinvestissement et la répartition des nouveaux crédits alloués à l’enseignement supérieur. Incertitude face à l’état des finances publiques, face aux recommandations qui résulteront des chantiers lancés par le gouvernement sur la grille de financement, face à l’évolution de l’économie québécoise et mondiale.
Le réinvestissement promis par Québec sera en effet fonction de la bonne santé de l’économie. Advenant un ralentissement, le gouvernement se trouverait alors dans l’impossibilité de respecter ses engagements à compter de 2014-2015. Certes, les compressions, selon l’entente conclue avec Québec, seraient alors annulées. Mais le lancinant problème du sous-financement resterait entier.
Gérer la stagnation
Dans l’état actuel des choses, notre Université peut au mieux espérer faire du surplace. Et dans le monde universitaire nord-américain et international, qui n’avance pas recule.
L’université n’est pas une entreprise : son développement ne répond pas à des principes simples d’expansion. Mais elle doit pouvoir disposer des ressources qui lui permettent d’offrir les services qu’on lui réclame et d’accomplir sa mission d’enseignement et de recherche. Une mission dont elle est investie par la société – c’est notre contrat social.
Gérer une université est déjà chose ardue. Dans un contexte d’instabilité, l’exercice est encore plus difficile. Depuis un an, les membres de notre communauté ont fait preuve d’une grande sérénité devant les nombreux compromis qu’il nous a fallu faire pour contrôler de manière très serrée nos dépenses. Je tiens à les remercier tous, pour nous avoir aidés à couper là où il était possible de le faire.
Couper, oui. Mais sans compromettre la qualité de la formation que nous offrons à nos étudiants. C’est l’essentiel.
Le recteur,
Guy Breton