Pour des millions d’entre nous, une petite partie du temps des Fêtes s’est déroulée il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine... Star Wars remet la science-fiction à la mode, mais en toile de fond de ces récits mythologiques modernes, il y a l’espace, le vrai, qui fascine tout autant et même plus.
Je suis assez vieux pour me souvenir d’avoir ressenti une vive émotion en voyant, sur un téléviseur noir et blanc, Neil Armstrong poser pied sur la Lune. Rares sont les moments où l’humanité entière a l’impression de franchir une étape, de passer à un autre âge de son existence. Ce fut le cas en 1969, grâce à des investissements massifs en science et une immense ambition. Quarante-six ans plus tard, un tel exploit ne s’est pas encore reproduit.
Selon moi, la prochaine étape, celle qui aurait un impact encore plus durable sur les esprits, sera la découverte de vie extra-terrestre – même s’il ne s’agit que de microbes ou de bactéries. Une chose plausible d’ici 20 à 30 ans, a déclaré en avril dernier la scientifique en chef de la Nasa, Ellen Stofan, ajoutant même que d’ici 10 ans, nous avons de bonnes chances d’obtenir des indices de l’existence de vie ailleurs que sur Terre.
Ce chapitre de l’histoire de l’exploration spatiale pourrait s’écrire en partie ici, à Montréal. Les Québécois sont en effet pionniers dans ce domaine.
En 2008, David Lafrenière, un astrophysicien de l’Université de Montréal, a été le premier à photographier des planètes hors de notre système solaire, ou exoplanètes. Il faut savoir que si nos télescopes repèrent aisément les étoiles dans le cosmos, ce n’est pas le cas pour les planètes, qui sont noyées dans la lumière de leur soleil. En localiser une équivaut à détecter une luciole devant un phare éblouissant. Reste qu’à ce jour, on a repéré plus de 2000 exoplanètes, dont quelques-unes que l’on estime potentiellement habitables.
Ce nombre va décupler au cours des prochaines années grâce à de nouveaux outils de détection, comme le télescope spatial James-Webb qui sera lancé en 2018, à 1,5 million de km de la Terre, soit quatre fois la distance Terre-Lune.
C’est là que Montréal entre sérieusement dans la course. Nous avons à l’UdeM l’un des plus grands spécialistes mondiaux de l’instrumentation astronomique, l’astrophysicien René Doyon. Il dirige l’Institut de recherche sur les exoplanètes (iREx), qui rassemble une dizaine de chercheurs de l’UdeM et de McGill en quête de signes de vie sur les planètes nouvellement découvertes. Parce qu’il en a conçu certains des composants, René Doyon aura, tout comme son équipe, un accès privilégié au télescope James-Webb. L’iREx organise d’ailleurs mardi prochain une conférence ouverte au public portant sur sa quête d’autres mondes habités.
C’est le soutien du philanthrope montréalais Lorne Trottier qui a permis la création de cet institut en octobre dernier. Lorne Trottier a fait fortune dans le domaine des cartes graphiques avec l’entreprise Matrox, qu’il a cofondée en 1976. C’est aussi un passionné d’exploration spatiale, et il n’est pas le seul. Son soutien facilitera le recrutement des meilleurs chercheurs de vie dans le cosmos. Mais nous ne sommes qu’au début de l’aventure et l’équipe de René Doyon a besoin d’autres appuis.
Pourquoi s’investir à fond dans la recherche de vie extra-terrestre, outre le simple besoin de répondre à l’une des grandes questions de l’existence?
Parce qu’en suscitant la curiosité chez nos jeunes, une telle découverte inspirerait de nombreuses vocations scientifiques, dont nous avons bien besoin. Et parce qu’elle nous ferait prendre conscience une fois pour toutes que l’humanité est une famille qui se partage une toute petite maison qui s’appelle la Terre. La solution aux problèmes du réchauffement climatique, des conflits armés, des crises migratoires et des inégalités réside en partie dans cette prise de conscience.
Rêvons un peu. Qui sait, ce sera peut-être du 514 ou du 450 qu’un jour prochain, E.T. téléphonera maison!