S'il y a un concept qui passionne les gestionnaires et les professionnels de tous les domaines, c'est bien celui de la « créativité ». Les rayons des librairies regorgent de titres proposant de « libérer sa créativité » afin de stimuler « l'innovation », l'autre concept fort de la décennie. Des leadeurs de partout dans le monde ont fait le voyage à Montréal, le printemps dernier, pour entendre des gens de Google, IBM, Disney et de l'agence de publicité Sid Lee parler de créativité à la conférence C2-MTL.
La ville de Montréal, elle-même, est une leçon de créativité. Pensez à nos ambassadeurs que sont le Cirque du Soleil, Moment Factory, le Bixi, les jeux vidéos, nos films mis en nomination aux Oscars et nos comédies musicales qui remportent des succès populaires à Paris.
Quelle est la source de cette inventivité ? On ne peut nier l'effet de la langue française. Pour affirmer son existence, cette culture originale n'a d'autre choix qu'être vigoureuse et combattive. À cela s'ajoute la réalité multiculturelle de Montréal, qui fait en sorte que nous sommes baignés par toutes les influences, par toutes les idées.
Mais il n'y a pas que cela. Montréal ne serait pas ce terreau de créativité sans un autre ingrédient essential : ses universités.
Nous ignorons trop souvent le fait que Montréal est la capitale universitaire du Canada. Elle occupe la deuxième position en Amérique du Nord pour le nombre d'étudiants par habitant, après Boston. Ses universités emploient quelque 5500 chercheurs, plus qu'à Toronto et à Vancouver. Et lorsqu'on regarde le nombre de publications scientifiques en proportion de la population, Montréal est dans le même club que Boston, Washington et San Francisco !
Pour fonctionner, l'industrie culturelle a besoin des artistes, des gestionnaires, des comptables et des spécialistes des communications formés dans les universités. Elle a besoin aussi de l'ensemble des diplômés universitaires, qui contribuent grandement à faire vivre ses artistes en allant au théâtre, au musée, à l'opéra.
La créativité n'est toutefois pas l'apanage du domaine des arts et du divertissement. Les industries aéronautique, pharmaceutique et des technologies de l'information et de la communication, qui sont des piliers de l'économie montréalaise, ont également besoin de l'énergie créatrice des ingénieurs, des informaticiens et des biochimistes.
Les chercheurs universitaires, eux, sont de véritables entrepreneurs en créativité ! C'est à eux qu'il revient de définir leur projet de recherche, puis de trouver des fonds pour financer leurs travaux. Au bout du compte, ils créent de nouvelles idées, de nouvelles molécules, de nouveaux matériaux et de nouveaux procédés qui nous aident à répondre aux défis de notre siècle.
Cette créativité, qui colore la personnalité de Montréal, s'est aussi exprimée lors des manifestations étudiantes du printemps. Qu'on soit d'accord ou non avec leur position, la majorité des manifestants nous ont démontré que, par la voie des arts visuels et du théâtre, on peut transmettre son message de façon positive, sans violence ni intimidation.
À ce sujet, nous avons beaucoup parlé d'enseignement supérieur et d'université ces derniers mois. Il y aura des leçons à tirer de cette crise, qui laisse entière la question fondamentale du financement universitaire et nous renvoie une image brouillée de la place de l'éducation dans notre société.
Ce que je souhaite pour la suite, c'est que nous cana-lisions nos énergies créatives vers un projet unificateur : rendre nos universités plus fortes, plus aptes à répondre aux défis du 21e siècle. Nous en profiterons tous : les étudiants, les chercheurs, les entrepreneurs, les artistes et les enfants, qui portent en eux notre avenir.
Le recteur,
Guy Breton
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