L’avancement du savoir est au cœur du budget présenté hier par le gouvernement canadien.
Parmi toutes les annonces, je me réjouis particulièrement de l’investissement additionnel de 1,22 milliard $ sur cinq ans dans la recherche universitaire, par le biais des conseils subventionnaires. C’est un effort majeur pour rehausser le financement de la recherche dite fondamentale, c’est-à-dire la recherche libre, motivée par la soif de connaissances.
Avec ce budget, le gouvernement démontre essentiellement trois choses.
Premièrement, qu’il a été à l’écoute de la grande communauté des chercheurs canadiens. En avril 2017, le Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral aux sciences déposait un rapport important, qui constituait le premier examen sérieux du système canadien de financement de la recherche depuis plus de 40 ans. Le rapport Naylor a fait état de plusieurs problèmes, tout en demandant un réinvestissement majeur en recherche fondamentale. Le budget d’hier met en œuvre une partie des solutions proposées dans le rapport. Nous allons dans la bonne direction.
La deuxième chose que le gouvernement démontre est sa capacité à faire preuve de vision, c’est-à-dire à penser en décennies plutôt qu’en années. Certes, ce budget aura des effets à court terme, notamment pour les chercheurs en début de carrière (création de jusqu’à 250 chaires de recherche du Canada) et pour les femmes et les minorités, avec l’introduction de mesures de soutien à l’équité et à la diversité en recherche.
Mais les véritables effets des investissements annoncés hier se feront sentir sur le temps long, qui est le temps de la science. Car pour une innovation technologique, médicale ou sociale, on compte souvent de longues périodes d’efforts scientifiques soutenus. Les récentes percées en intelligence artificielle, par exemple, sont dues en grande partie à une découverte faite en 2006 à l’Université de Montréal, elle-même basée sur une théorie datant des années 80.
Avec ce budget, enfin – et c’est mon troisième point, le gouvernement fait preuve d’un certain courage. Investir dans la recherche n’est pas nécessairement le choix le plus populaire. Mais c’est un choix judicieux pour l’ensemble des citoyens, car les retombées de la recherche se calculent en vies sauvées, en nouveaux médicaments, en lacs décontaminés, en nouvelles politiques sociales, en innovations technologiques, en nouvelles entreprises créatrices d’emplois ou en citoyens mieux formés.
C’est le paradoxe de la recherche : c’est parce qu’elle est très pointue et pratiquée par une poignée d’hommes et de femmes passionnés qu’elle peut aspirer à changer la vie du plus grand nombre. Un paradoxe que le gouvernement fédéral a très bien compris.