Chères et chers membres de la communauté universitaire,
Comme vous, depuis près de deux semaines je suis les évènements tragiques qui se déroulent en Ukraine. Les images et les reportages qui nous arrivent de cette région du monde sont troublants et suscitent questions et inquiétudes dans notre communauté.
Rien n’est plus étranger à l’idéal universitaire – un idéal fait d’ouverture, de liberté et de compréhension mutuelle – que l’état de guerre, et les universités du monde entier ont été nombreuses à se solidariser avec le peuple ukrainien et les membres de sa diaspora, durement éprouvés par le conflit armé. L’Université de Montréal l’a fait haut et fort en illuminant la tour du pavillon Roger-Gaudry aux couleurs du pays de Vladimir Horowitz. Mais aussi en apportant aide et réconfort à celles et ceux de sa communauté touchés par cette guerre.
Nous comptons sur nos campus une trentaine d’étudiants et étudiantes de nationalité ukrainienne, tous statuts confondus. Notre équipe du Bureau des étudiants internationaux est en contact étroit et régulier avec chacune de ces personnes pour lui offrir tout le soutien nécessaire en ces heures sombres. La plupart ont de la famille là-bas et à l’incertitude du sort qui attend leurs proches s’ajoute le sentiment d’impuissance face à une situation dont l’issue, pour dire le moins, demeure très incertaine.
Nous n’oublions pas les collègues et les étudiantes et étudiants russes et biélorusses, dont la vie se trouve elle aussi bouleversée. À ce sujet, je tiens à réaffirmer le caractère inaliénable de la liberté universitaire et le soutien de l’Université de Montréal aux scientifiques ukrainiens comme russes. Nous ne pouvons présumer que la recherche russe est dans sa totalité au diapason des décisions de l’État, nous ne pouvons non plus présumer du contraire, à savoir qu’elle est entièrement opposée à ces décisions, même silencieusement. Dans ce contexte trouble, nous recommandons aux membres du corps enseignant de poursuivre leurs collaborations scientifiques avec leurs collègues russes en faisant preuve de toute la prudence que requiert ce genre de situation, en particulier pour ce qui est de la protection des données.
Depuis le début de cette crise, nous recevons des appels de jeunes Ukrainiens, dont l’avenir s’est soudainement assombri et qui veulent venir étudier ou travailler à l’UdeM. La situation migratoire du Canada est fort différente de certains pays d’Europe, mais Immigration Canada travaille à accélérer le processus d’immigration pour les Ukrainiens qui souhaiteraient venir au pays. Nos facultés sont invitées à soutenir les milieux scientifique et étudiant ukrainiens en mettant de l’avant tout programme de bourses ou toute offre d’emploi d’intérêt. Au besoin, communiquez avec le Vice-rectorat aux partenariats communautaires et internationaux : l’équipe de la vice-rectrice Valérie Amiraux pourra vous aider à diffuser des appels de candidatures destinés à la population ukrainienne et vous conseiller pour que tout soit fait dans le respect des règles d’immigration du Canada.
Nous vous encourageons également à multiplier les contacts avec la communauté scientifique ukrainienne par le truchement de vos réseaux de partenaires universitaires à travers le monde. Je souligne à cet égard que le travail de réseautage en contexte de conflit armé est facilité par l’adhésion de l’Université de Montréal à Scholars at Risk. Ce réseau international, qui regroupe plus de 500 établissements d’enseignement supérieur dans une quarantaine de pays, a pour mandat de protéger les chercheuses et chercheurs menacés dans leur pays d'origine. Le Vice-rectorat aux partenariats communautaires et internationaux pourra encore une fois vous fournir de l’information au sujet de cet organisme et des services qu’il offre.
S’ils devaient se prolonger, le conflit en Ukraine et les sanctions qui l’accompagnent à l’endroit de la Russie risquent d’avoir des conséquences sur de nombreux volets de l’activité universitaire. Les déplacements vers l’Europe seront-ils limités? Les collaborations scientifiques seront-elles suspendues en tout ou en partie? Pour le moment, les déplacements vers les pays européens – hormis l’Ukraine et la Russie, bien entendu – ne sont aucunement déconseillés et aucun changement n’est apporté à nos programmes d’échanges, qu’il s’agisse d’études ou de recherche. L’Université suit de près la situation et, advenant de nouvelles directives du gouvernement du Canada, nous nous assurerons de vous communiquer des consignes à cet effet. Nous vous recommandons néanmoins, si vous devez voyager dans cette région du monde, de consulter au préalable les conseils aux voyageurs d’Affaires mondiales Canada.
Aux étudiantes ou étudiants qui sont affectés d’une manière ou d’une autre par la situation en cours, nous voulons dire que nous sommes là pour les soutenir. Notre équipe de psychologues du Centre de santé et de consultation psychologique est disponible pour vous recevoir et vous pouvez consulter le Bureau de l’aide financière si vous éprouvez des difficultés matérielles en lien avec ce conflit. Les étudiants et les étudiantes qui se trouvent dans les pays en périphérie de l’Ukraine peuvent contacter directement le Bureau des étudiants internationaux. De leur côté, les membres du personnel qui en ressentent le besoin peuvent se prévaloir du programme d’aide au personnel. La Direction des ressources humaines prendra dès aujourd’hui des mesures pour soutenir les membres du personnel d’origine ukrainienne.
En temps de guerre, nous avons besoin de l’éclairage de spécialistes : mettre l’analyse scientifique au centre de la lecture que nous faisons de l’actualité aide à comprendre les tenants et aboutissants du conflit. Je tiens à saluer ici l’excellent travail de nos chercheurs et chercheuses en politique internationale dont plusieurs sont rattachés au CÉRIUM, le Centre d’études et de recherches internationales de l’UdeM, actifs sur toutes les tribunes pour lever un peu le rideau d’incompréhension qui est tombé sur le monde ces derniers jours.
Aux Ukrainiens et Ukrainiennes de par le monde : les pensées de la communauté de l’Université de Montréal sont avec vous.
Le recteur,
Daniel Jutras